Le décrochage scolaire est une problématique complexe inscrite dans le quotidien des enseignants.
Le décrochage scolaire est un phénomène complexe dont les définitions et les critères statistiques diffèrent selon les régions et les pays. De manière générale, le décrochage scolaire fait référence à une sortie anticipée ou sans qualification du système éducatif. Quels que soient les définitions et les critères de recensement statistique retenus, tous les auteurs s’accordent à considérer le décrochage scolaire comme le résultat d’un processus progressif, lent et insidieux. La «situation de décrochage», qui précède le décrochage avéré, appelée aussi désengagement scolaire (Québec), déscolarisation, démobilisation ou désaffiliation scolaire (France), désaffectation scolaire (Angleterre), renvoie à un phénomène général de désinvestissement de la scolarité aux origines complexes et diverses.
Alliant différents facteurs de risque internes (structure et organisation scolaire, interaction élèves – enseignants) et externes au système scolaire (individuel, structure familiale et sociale), le décrochage questionne le système éducatif et scolaire qui paradoxalement est en partie à l’origine du phénomène.
Même si les enseignants ont tendance à attribuer l’échec des élèves à des causes externes au système scolaire, plusieurs analyses statistiques mettent en évidence l’importance des facteurs internes au système scolaire. Par exemple, Janosz (2000) estime que de manière générale, ce sont les variables familiales et scolaires qui possèdent la plus grande puissance de prédiction et de dépistage, surtout à l’adolescence, où les variables scolaires demeurent les meilleurs prédicteurs associés à l’abandon scolaire. Les travaux de Blaya (2010) mettent même en évidence que les variables les plus statistiquement significatives quand on compare les différences entre un groupe à risque et un groupe contrôle sont au niveau des variables liées au climat scolaire. Il est donc très important de tenir compte de ces déterminants liés au système scolaire, d’autant plus qu’il s’agit du milieu au sein duquel il est à priori le plus facile d’agir.
La mise en évidence de facteurs de risque ne s’inscrit pas dans une démarche déterministe ayant pour but de «ficher» les individus, mais bien dans une approche qui vise à appréhender toute la diversité et la complexité des situations concernées par le décrochage scolaire. Les «décrocheurs» sont loin d’être un groupe homogène.
Si d’un côté, de nombreuses recherches ont étudié le décrochage et ses facteurs, au sein du lasalé et en dehors, d’autres chercheures s’intéressent aux leviers d’action pour réduire le décrochage. Ces recherches s’orientent essentiellement sur des dispositifs et activités visant à identifier des pistes pour favoriser l’accrochage, voire le raccrochage de jeunes.
Étudier l’accrochage correspond à identifier une série d’actions, de prises de décisions mises en œuvre par le système éducatif pour garantir, depuis les premières transitions à celles vers le milieu professionnel, que chaque élève se sente à sa place, accueilli et respecté dans sa diversité pour apprendre et socialiser.
Souvent des moyens sont mis en œuvre (tels des programmes, des dispositifs de type MATAS etc.) pour permettre aux jeunes de raccrocher. Toutefois, l’accrochage ne débute pas lorsque la suspicion de décrochage émerge. L’école par son environnement, les actions éducatives qui y sont menées et les alliances tissées à une action préventive.
De même que le décrochage est multifactoriel, l’accrochage à l’école repose sur une variété et une combinaison de facteurs dont les principaux sont cités ici :
- Une approche pédagogique qui favorise différentes modalités pour apprendre (flexibilité) et la collaboration entre les élèves ;
- Des connaissances didactiques toujours renouvelées ;
- Un cadre de travail et de socialisation bienveillant au niveau de la classe et de l’établissement ;
- Des supports fournis tant aux élèves, enseignant·es, et intervenant·e·s qu’aux familles en lien direct avec leurs besoins divers (connaissance des codes culturels de l’école, administrations, projets de scolarité, définitions et mises en œuvres de buts communs, cheminements professionnels, espaces et temps favorisant la collaboration etc.)
Fondamentalement, toute transformation sociale passe par la prise en considération des points de vue, besoins, enjeux des divers acteurs, actrices concerné·e·s requérant des espaces où la parole de tous, toutes est entendue et les points de vue pris en compte dans les décisions et les actions du quotidien.
Ceci débouche sur les questions de dynamiques d’alliances éducatives tissées entre ces différents acteurs, actrices.